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La belle laveuse du Pré Pacault. Légende des bords du Thouet, extrait d’un cahier de Théophane Rabouam-Bourdin.


C’était pendant les tièdes et claires nuits d’été, quand la lune argentait la surface de l’eau que l’ombre de la belle laveuse du Pré Pacault

venait hanter les bords du Thouet.

De onze heures à minuit, l’écho répétait les coups

de battoir qui semblait

retentir comme un glas funèbre. Plus d’un pêcheur racontait qu’il avait cru

voir le blanc fantôme battre

du linge pendant que l’horloge sonnait minuit.

Une nuit, cependant, l’un d’eux eut la hardiesse et la curiosité de s’approcher le plus près possible de la blanche apparition, mais, lorsqu’il n’en était plus qu’à quelques mètres, les eaux s’entrouvrirent et le fantôme disparut.

Il y a quelque vingt ans, les bons vieux de St Loup et des alentours se rappelaient encore avoir entendu le battoir de la belle laveuse, mais la mort avait emporté un à un tous les témoins du passé et avec eux la gentille et merveilleuse histoire de la belle laveuse qu’un douloureux événement vient de remettre en toutes les mémoires.

Sous l’impulsion affolante d’un accès violent de fièvre chaude, une jeune fille d’un joli bourg tout proche de St Loup s’est jetée dans la rivière le 23 décembre dernier. Et c’est au cours des recherches faites dans les eaux profondes du Thouet pour retrouver la pauvre noyée que revient dans les imaginations et dans les souvenirs la légende si touchante de la belle laveuse du Pré Pacault que nous allons vous raconter ne serait-ce que pour la préserver de l’oubli.

A une époque si lointaine qu’il n’en reste aucune trace, les châtelains de la Nivardière (ancienne seigneurie qui domine la rivière en face du château de St Loup et faisant, depuis 1708 partie de ce domaine) avaient une charmante jeune fille nommée Pâquerette. Elle était aussi belle que bonne et comme toutes les nobles dames de ce temps là, non seulement elle ne dédaignait pas le fuseau, mais une de ses distractions favorites était de laver sa robe au ruisseau. Aussi l’avait-on surnommée « La Belle Laveuse du Pré Pacault », lieu oû elle avait son lavoir.

Or, un jour que le seigneur de St Loup avait convié ses amis à chasser le chevreuil et la biche dans son parc, un des invités emporté par l’ardeur de la chasse franchit le Thouet qui à cette époque de l’année était presque à sec et, poursuivant un faon, s’apprêtait à gravir les coteaux de la Nivardière….

Le pauvre animal vint se réfugier tout près de la gentille laveuse qui se trouvait à ce moment là à son lavoir. L’adorable jeune fille, mue par un sentiment d’une exquise compassion, se leva soudain et attendit le chasseur . Ebloui par la radieuse beauté de la laveuse, il lui octroya sans peine la vie de son pauvre petit protégé.

On ne sait pourquoi, il revint souvent au même lieu et chaque fois, il s’attardait volontiers à prolonger avec elle la plus attachante causerie. Bientôt elle fut l’amie de tout son cœur. Mais, hélas, l’amour du chevalier ne fut qu’éphémère, car après avoir promis sa foi à la jeune fille, il céda aux instances de sa famille et épousa une héritière de très haute lignée et choisie de longue date.

En apprenant le mariage de l’infidèle, Pâquerette sentit la vie intellectuelle se briser et mourir en elle ; la pauvrette sombrait dans le délire ! Chaque soir, elle se rendait au lieu témoin de ses premiers serments, espérant toujours rencontrer celui qui avait fait éclore dans son cœur la douce fleur d’amour. Mais après un regard triste et profond jeté sur le sentier, qui avait entendu leurs aveux, elle s’en retournait, les yeux en larmes et la poitrine gonflée de sanglots.

L’hiver est venu. Grossi démesurément par les pluies abondantes, le Thouet débordait sur ses rives. C’est alors que, trompant la vigilance de ses parents, la jeune fille descendit dans la prairie. Ne s’apercevant pas qu’elle était inondée, avec peine, elle arriva jusqu’à son lavoir où elle disparut emportée par les flots tumultueux.

Lorsque les eaux se furent retirées, on retrouva son joli corps à peine flétri par la mort. On l’inhuma sous un saule tout à coté du lavoir. Pendant longtemps, elle ne put, sans doute, dormir dans sa tombe glacée. Aussitôt qu’avril reverdissait la prairie et faisait s’épanouir la jolie fleurette, à la crête d’argent et à l’œil d’or, dont elle avait porté le gracieux nom, son ombre s’éveillait. En vain, ses compagnes venaient-elles, à chaque printemps, fleurir sa tombe de blanches couronnes et cueillir pieusement les mignonnes pâquerettes de la prairie afin d’en effeuiller la corolle en répétant « je t’aime un peu, beaucoup…. », persuadées que l’esprit de la morte d’amour passant en elles, dicterait ses oracles et présiderait à leur destinée.

Ces hommages ne suffisaient pas aux mânes de la jeune fille ; il lui fallait revenir à son lavoir, et le bruit de son battoir répété par tous les échos troublait chaque nuit le silence de la vallée.

Elle doit désormais reposer en paix car rien ne trouble plus le calme des nuits d’été sur les rives du Thouet. Telle est la légende que ma grand’mère m’a contée bien souvent. Jeunes filles qui passez en chantant dans la prairie, ayez un souvenir ému pour la belle laveuse du Pré Pacault et gardez en mémoire le récit des malheurs de Pâquerette.

 



07/03/2013
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